Samuel Prout, au-delà de son patronyme atypique, est un artiste attachant. Paysagiste anglais, il a parcouru l’Europe au début du XIXe siècle et se spécialise dans des vues pittoresques de villes, particulièrement animées, où les badauds, marchands ambulants, s’activent et font de l’artiste une sorte de Piranèse romantique.
Samuel Prout, conscient de l’impact visuel des monuments majestueux, n’hésitait pas à prendre des libertés avec la réalité topographique en déplaçant des bâtiments. Ainsi dans sa vue de la cour du Corbeau, plus connue que celle de la rue Mercière, il n’hésite pas à déplacer la cathédrale de 200m vers le sud, au niveau de l’actuelle place d’Austerlitz.
Cette belle vue est prise depuis la fontaine sur l\’ancienne place Saint-Martin (devenue la place Gutenberg), et s’ouvre sur la rue Mercière et la cathédrale. Pour moi, elle constitue une des plus attachantes représentations du bâtiment, qu’on devine plus qu’on ne le voit. Mais elle insiste sur son environnement immédiat, son écrin. Par ailleurs, l’auteur se concentre sur la vie quotidienne, l’animation de la rue et la vie commerçante dans la rue Mercière et aux abords de la cathédrale, toujours aussi perceptible aujourd’hui.
Florian Siffer, Attaché de conservation
Cabinet des Dessins et des Estampes
Ill. : Musées de la Ville de Strasbourg / Mathieu Bertola