Le mercredi 11 octobre, la Société des Amis de la Cathédrale et la Fondation de l’Œuvre Notre-Dame ont donné dans la salle du Münsterhof pleine jusqu’aux balcons la première conférence de leur nouveau partenariat. Grâce à son regard attentif et à ses vastes connaissances, M. Jean-Paul Lingelser a présenté de nouvelles découvertes concernant les débuts de la Réforme protestante dans la cathédrale.
Après un bref rappel historique, le conférencier s’est appuyé sur des photos de qualité pour expliquer, comment l’autel fondé pour Paul Mosung en 1331 a entraîné la suppression d’une colonnette du XIIIe siècle. Puis au moment de la Réforme, cet autel a été lui-même supprimé et une nouvelle colonnette a été mise en place avec un chapiteau présentant un décor de fougères enroulées très différent du chapiteau voisin. À l’inverse, les inscriptions bibliques de l’époque protestante ont toutes disparu, sauf celles du bras nord du transept, peintes vers 1535, et protégées par l’obscurité.
M. Lingelser a commenté ces textes jamais relevés : ils comprenaient le décalogue qui interdisait les images et était inspiré par Martin Bucer, ainsi que deux passages de saint Paul. Ces inscriptions surmontaient une chaire en pierre datant de 1503 utilisée par Matthieu Zell. Ce dernier n’est jamais monté sur celle de Geiler de Kaysersberg (de la nef), malgré les affirmations des auteurs les plus éminents. Ne servant plus à la paroisse Saint-Laurent depuis le retour de la cathédrale au culte catholique, la chaire a été démolie en 1794. Ces textes sont aussi un témoignage étonnant sur le plan linguistique : en empruntant des expressions dialectales, elles renvoyaient à l’identité profonde de l’âme alsacienne.
Cette conférence riche, très documentée et méthodiquement menée, a connu un succès des plus vifs qui laisse bien augurer de celles qui vont suivre.
Francis Klakocer