Le choix de Monique Fuchs au Musée historique

Ill.2_Maquette
Maquette  de la cathédrale en carton imprimé en couleur, fin du 19e siècle

Les réserves du Musée historique de Strasbourg regorgent d’objets intéressants, non exposés faute de place ou simplement parce qu’ils ne supportent pas d’être exposés à la lumière trop longtemps. C’est le cas de cette maquette  de la cathédrale réalisée en carton imprimé en couleur à la fin du 19e siècle. Elle a été offerte au musée historique par un épicier en gros de la Robertsau du nom de Braun qui louait des locaux à la Fondation de l’Œuvre Notre-Dame 9 place Gutenberg entre 1868 et 1891. Est-ce pour cette raison qu’il s’intéressait à la cathédrale ?

La particularité de cette maquette qui remonte aux années 1880 est de montrer deux flèches et deux variantes  (amovibles) pour l’étage du beffroi construit par Michel de Fribourg au-dessus de la rose occidentale.

En 1880 la cathédrale de Cologne est enfin achevée grâce à la volonté de Boisserée qui réussit à trouver le financement de ce chantier interrompu  depuis 1520-1530. Commençant par la publication d’un ouvrage sur l’édifice en 1808, encouragé suite à la redécouverte entre 1814 et 1816 des deux moitiés du plan de la façade gothique, le chantier de Cologne fut mené de 1842 à 1880, les flèches de Cologne culminant à 160m, dépassant ainsi la hauteur de notre flèche qui était resté la plus haute de la chrétienté jusqu’au 19e siècle.

Il n’est pas étonnant qu’après l’achèvement de la cathédrale de Cologne, devenue le monument emblématique de l’Empire allemand, on ait été tenté d’achever la cathédrale de Strasbourg, devenue allemande  après 1871. Une campagne dans ce sens sera menée autour des années 1880 à Strasbourg et en Allemagne, avec la publication de gravures de Schinkel, de Klotz (décédé en 1880 et lui-même peu favorable à ce projet), de Boehm, de Winkler ou de Havard.

L’intérêt de notre maquette est de montrer les trois principales variantes d’un projet d’achèvement : en supprimant le beffroi de Michel de Fribourg, en conservant ce dernier, et en remplaçant celui-ci par une version néogothique se terminant en tiers point (proche de la proposition de Winkler).

Cette maquette témoigne de l’importance de la campagne « médiatique » menée autour du projet de la seconde flèche de la cathédrale, resté sans suite, mais elle nous montre également la tour de croisée construite par Klotz après le bombardement de 1870 ainsi que les galeries couvertes de Goetz longeant les massifs nord et sud de l’édifice.

Monique Fuchs, Conservateur en chef
Musée historique

Retour en haut