Le mercredi 22 novembre, la Société des Amis de la Cathédrale et la Fondation de l’Œuvre Notre-Dame ont eu droit à un vif succès auprès d’un public des plus motivés pour la deuxième conférence de leur partenariat. M. Beat Föllmi, professeur à la faculté de théologie protestante de Strasbourg, a su intéresser ses auditeurs à un thème de prime abord peu engageant : Chant et liturgie à la cathédrale à l’époque protestante.
Un rappel historique bienvenu a permis de présenter les pratiques liturgiques catholiques antérieures à la Réforme. Celle-ci, à quelques détails près, met un terme à cette liturgie : on abolit les différentes sortes de messes, on ne célèbre plus Noël de 1524 à 1536 et on impose silence aux cloches lors des mariages et des enterrements. La langue vernaculaire remplace le latin dans les psaumes désormais chantés en allemand, mais avec une fidélité au texte biblique que Luther lui-même n’a pas toujours respectée. Après une période de flottement, l’orgue retrouve même son rôle à la cathédrale. La Réforme introduit à Strasbourg quatre cultes de prédication par jour ouvré et ce dès quatre heures du matin, et va jusqu’à six offices le dimanche avec obligation d’y assister. Désormais tourné vers l’assemblée des fidèles, le pasteur anime les cultes où l’assistance forme une communauté soudée par des cantiques chantés à l’unisson, airs souvent strasbourgeois et dont certains sont passés à la postérité puisque utilisés par Mozart et Bach.
Les heurts avec le clergé catholique qui épisodiquement y célèbre encore la messe sont nombreux et vifs au point de dégénérer en échauffourées où volent boules de neige et jets de pierres. Dès lors en 1681, Louis XIV réussira la gageure de rendre la cathédrale au culte catholique alors même qu’il n’y avait plus un seul catholique dans cette ville. Le culte sera alors manifestation du pouvoir royal et non plus affaire de communauté.
On l’a compris : la conférence fut de celles qui marquent.
Francis Klakocer