Parmi les rares représentations de la cathédrale au musée des Beaux-Arts, j’ai choisi une peinture dans laquelle elle se devine à peine. Il aurait pourtant été possible de choisir un autre tableau du même artiste. De Théophile Schuler (Strasbourg, 1821 – 1878) le musée expose en effet une belle peinture montrant Erwin von Steinbach en pendant avec sa fille. De quoi nous rappeler si besoin était que le XIXe siècle fut le siècle de l’Histoire, le siècle des Nations.
C’est non loin de ce tableau qu’est accroché Épisode de la guerre de 1814. Le peintre a représenté une autre héroïne, cette fois une anonyme, qui met en fuite un cavalier ennemi. Portant le costume typique, la courageuse alsacienne est figurée combattant dans une nuit enneigée. Cet épisode a surtout valeur d’allégorie : il est tout sauf anodin que ce tableau ait été peint en 1870. Il ne pouvait qu’évoquer une autre guerre, d’autres drames. Le peintre l’a offert et dédicacé à mon ami Adolphe Lereboullet, souvenir affectueux de l’auteur. Strasbourg, juillet 1870. Ce dernier était journaliste et critique d’art, et cette peinture a été offerte au musée par un de ses descendants, en 1939. Cette date renvoie à d’autres drames et les trois années qui scandent l’histoire de l’œuvre, 1814, 1870, 1939, jalonnent celle de Strasbourg. Mais revenons au tableau. Il faut s’approcher : la cathédrale est représentée, certes petite, mais bien au centre de la composition. Une lueur l’entoure et atteste que, quelles que soient les épreuves, ce symbole de la ville est toujours bien présent.
Dominique Jacquot, Conservateur
Musée des Beaux-Arts
Crédit photographique : Musées de Strasbourg.