Côté Cathédrale
On attribue à Noé l’invention du vin, « consolation tirée du sol que le Seigneur a maudit ». La vigne et le vin, symboles de joie, de l’Esprit Saint et de sagesse, sont cités plus de 450 fois dans la Bible. Ceci peut expliquer la forte présence de la plante dans les cathédrales.
A Strasbourg, c’est le motif végétal le plus présent. Son identification dans les sculptures ne laisse aucun doute tant sa reproduction est fidèle. On distingue clairement le mouvement ondulatoire de la tige, la nervation palmée des feuilles et la forme des fruits.
En frise verticale et en décoration de console sur le portail latéral nord, sculptés sur les chapiteaux des colonnes intérieures du bas-côté sud, ou encore en magnifique guirlande tout le long de l’escalier de la chaire, sa représentation est un témoignage de la très grande habileté des sculpteurs du Moyen Age et de leur sens poussé de l’observation. Ils rendent ainsi hommage au vin, symbole par excellence, avec le pain, de la vie chrétienne.
Côté végétal
La vigne est une liane aux feuilles profondément lobées qui peut atteindre 15 mètres de hauteur si elle n’est pas taillée. Le raisin et sa « grappe » de baies juteuse sont l’un des plus anciens fruits cultivés par l’homme. Il est consommé cru, séché, en jus, ou fermenté en vin. Riche en vitamines, sels minéraux et sucres, il est diurétique, énergétique et facilement digéré. Son ancêtre, la vigne sauvage (Vitis vinifera subsp. sylvestris) porte de petites grappes aux fruits espacés, acides et peu sucrés. Elle pousse dans les forêts alluviales des grands fleuves d’Europe et d’Asie tempérée, là où le sol sableux et régulièrement inondé a empêché l’infestation des racines par le phylloxera, un insecte qui a décimé le vignoble français dans la seconde moitié du XIXe siècle.
La domestication de la vigne se serait opérée il y a 8000 ans dans le Caucase. Ensuite la vigne cultivée a peu à peu gagné l’ouest du bassin méditerranéen. Les Phocéens l’introduisirent six siècles avant J.-C. à Marseille, puis sa culture s’étendit vers le nord, d’abord à la période romaine puis à l’époque carolingienne.
Merci à Frédéric Tournay, botaniste de talent.
Dessin : Jaime Olivares.
Photo : Shirin Khalili.