Ô Notre-Dame, jusqu’à quelles extrémités
Me porteras-tu à t’aimer ?
Du plus profond de l’abîme vermeil
Me viennent en pensées tes merveilles.
De ta silhouette divine l’azur du ciel
Est honoré, et en face de l’Éternel,
Chante le chœur des anges chérubins,
Séraphins, remplis le cœur des saints,
Et ce Erwin avec vous par la légende
Des siècles, a gravé l’espace par offrande,
Et cette rose là-haut toute parfaite,
M’enivre de sa clarté et ses facettes.
Nul ne peut, personne, devant toi,
Je le dis bien haut, plein de joie,
Soulever la tête sans être rempli
De cette présence vraiment infinie.
Sous tes voûtes chaleureuses retentit
Le soulèvement des poitrines en harmonie
Et cet orgue splendide est suspendu
Amoureusement ; de ses tuyaux d’airain, abattues,
Les notes sifflent, jaillissent et emplissent
Narthex, nef, chœur, vraiment, toute la bâtisse.
Avez-vous songé, avez-vous douté,
Que j’eusse pu vous oublier,
Toi la tour, et toi la flèche ?
Maître Hultz au firmament nous prêche,
Qu’un cœur pur et une main sûre,
S’unissant pour la gloire de l’architecture,
Et celle de Dieu et celle des hommes
Comme pour se hisser vers Son royaume,
Déposer tel un pétale sur ce massif
Découpe le ciel, la nuit, incisif,
Un doigt tendu, la dextre pétrifiée,
Regarde le disque d’or levé et couché
Et la fille de Léto, parure des astres
Tandis qu’autour, joyeuses, si vastes,
Plaine d’Alsace et montagnes bleues
Contemplent, œuvre de Dieu,
L’œuvre des hommes pour Dieu.
Ô Muses gracieuses, vous m’avez inspiré
De mille détails harmonieux l’unité,
Grès rose, beffroi, clef de voûte ;
Splendeur de l’intellect, parfait somme toute,
Toit du monde, maison du Seigneur
De la foi, de la piété le catalyseur
D’une beauté où la grâce et la force
Érigent, alliées, ce grand colosse,
Cet élan vers le haut, heureux jour,
Voici l’avènement du grand amour.
Pierre Howiller
Ill. : Sylvain Lucas