La vérité sur le rayon vert

Chaque année, aux jours d’équinoxe, un rayon de soleil vient éclairer une sculpture en pierre de la chaire. Cette sculpture représente un Christ en croix et la lumière de ce rayon de soleil est verte. En effet celui-ci traverse simplement un morceau de verre de couleur verte qui forme le pied d’un personnage de vitrail. Ce dernier est situé en partie haute de la nef, dans la quatrième travée du triforium sud.

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On invoque parfois la volonté mystérieuse des bâtisseurs de la Cathédrale. En réalité ce phénomène optique est très récent. Pour être précis, il n’a pu apparaître qu’après le 8 août 1875, date à laquelle ce vitrail neuf a été installé. Nos grands-pères ont même pu en être les témoins ! Le moyen-âge gothique est donc tout à fait étranger à ce phénomène qui n’est apparu que six siècles après l’achèvement de la nef en 1275 et quatre siècles après la réalisation de la chaire en 1485.

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Le personnage représenté sur le vitrail concerné est Juda qui, avec 38 figures en pied de la généalogie du Christ, remplace ainsi depuis 1875 une vitrerie plus ancienne. Ce vitrail a été commandé au peintre-verrier Pierre Petit-Gérard par Gustave Klotz, architecte de l’Œuvre Notre-Dame. Il a été exécuté d’après les cartons de Louis Steinheil. Le devis des travaux est daté du 12 novembre 1874, la soumission du 8 décembre suivant et le métrage de réception du 8 août 1875. L’existence de la vitrerie antérieure composée d’ornements floraux est attestée par plusieurs témoins oculaires connus : J.H. Hechler la décrit dans son Relevé (vers 1666), J. Klein et L. Schneegans dans leur Inventaire et description des vitraux peints de la Cathédrale de Strasbourg (1848) ou encore le Baron P.R. de Schauenbourg dans son Mémoire (1860). Toutes ces précisions peuvent être retrouvées dans l’ouvrage de référence de V. Beyer, Ch. Wild-Block et F. Zschokke, Les vitraux de la Cathédrale de Strasbourg, le volume IX-I du Corpus Vitrearum, publié par le CNRS en 1986.

Bruno-Gilbert Royet
Ill. : Pokaa / B.-G. Royet

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