J.-M. Mathonière, La géométrie des compagnons tailleurs de pierre germaniques

Le public s’était massivement déplacé le mercredi 13 décembre pour la conférence que donnait M. Jean-Michel Mathonière aux Amis de la cathédrale et de la Fondation de l’Œuvre Notre-Dame. Et avec raison, puisque son titre La géométrie des compagnons tailleurs de pierre germaniques : de la méthode graphique au symbolisme promettait une approche neuve et originale.

Par la précision de son propos et la constante réaffirmation de certitudes qui devraient être évidentes, M. Mathonière a veillé à rétablir la vérité. Ainsi, il n’y avait pas de corde à treize nœuds au Moyen Age, la corde datant des années 1970 et ne devant rien à Pythagore. Il a certes reconnu la portée symbolique de certaines figures, tels le cercle ou le triangle et parlé de la mystique du trait. Mais il a pris garde de ne pas tomber dans des explications pseudo-ésotériques, travers qu’il qualifie lui-même de « zozotérisme ». Enfin, il faut le reconnaître : quoi qu’on en dise et malgré les voyages de Villard de Honnecourt, il n’y a pas de trace de suivi entre compagnons des différents pays et les différences l’emportent sur les quelques ressemblances, ces dernières datant au demeurant d’un XXe siècle qui se voulait consensuel.

Se référant aux statuts des tailleurs de pierre de 1515, il a expliqué que la transmission du savoir était alors réservée aux seuls membres de la confrérie qui devaient jurer d’en garder les secrets. Mais d’insister que les hypothèses fondées sur le nombre d’or relèvent de la pure escroquerie intellectuelle, nombre qui n’était pas, et de loin, la préoccupation première des tailleurs de pierre. Et pourtant tous rêvaient de contribuer à la réalisation d’un monde créé par le Grand Architecte du ciel et de la terre par le tracé de leurs formes. Dès lors, le discours symbolique est relatif à la symbolique du monde puisqu’on œuvre ainsi au prolongement de l’œuvre divine. Quels sont les moyens les plus fréquemment utilisés ? On insère des formes géométriques dans le cercle en réseaux quadrangulaires ou triangulaires, la triangulation étant conçue comme le plus noble fondement des tailleurs de pierre. Pour obtenir le réseau fondamental qui sert de référence à ces initiés, on procède par rétrécissement et division en traçant et superposant les formes, notamment grâce à la complexification par cercles dans un tracé ad quadratum.

La soirée a eu le mérite de combiner propos humanistes et techniques à une belle palette de visuels qui ont facilité la compréhension d’un discours de haute tenue. Amateurs et initiés y ont donc trouvé leur compte.

Francis Klakocer

Retour en haut