Le 21 février vingt de nos membres ont suivi une visite guidée de l’exposition Strasbourg 1560-1600. Le renouveau des arts. Après une courte et bienvenue introduction, la médiatrice culturelle, Louise Flouquet, a procédé à une sélection des objets présentés. Et de nous apprendre que ce renouveau a concerné tant les différents arts que les domaines civils et privés, faisant de Strasbourg une ville particulièrement brillante.
C’est le cas de la sculpture dont, outre une fontaine à vasque remarquable par ses lignes épurées, se donnait à voir une colonne ionique à deux figures féminines casquées (ill. à gauche) ; l’élégance et la fluidité des vêtements évoquent le drapé mouillé des Anciens et de l’école de Fontainebleau. Réussite incontestable. Parmi les dessinateurs se détache Tobias Stimmer dont les œuvres attirent le regard. On retiendra ce dessin en clair-obscur, bacchanale dont les mouvements et les corps d’hommes musclés et bien proportionnés renvoient à Bacchus, dieu du vin. Dès le départ ce renouveau artistique est donc placé sous le signe de l’Antiquité.
Les artistes avaient aussi des préoccupations politiques, morales et religieuses. C’est le cas d’un dessin satirique réalisé par Fischart en collaboration avec Stimmer. Intitulé Gorgoneum caput, on y reconnaît, la recomposition d’une tête de pape constituée de divers ornements liturgiques, dont la tiare sous forme de cloche. La même collaboration de ces deux artistes a d’ailleurs donné lieu à une réinterprétation de l’Ecclesia et de la Synagogue, la première représentant le protestantisme et la seconde le catholicisme, dans le cade traditionnel de la théorie bien connue de la substitution.
L’horloge astronomique ne saurait manquer dans une telle exposition. Et de fait, outre de magnifiques dessins aux dimensions imposantes, on y admire les statuettes polychromes qui sous un éclairage de bel effet semblent danser (ill. ci-dessous). D’autant que leurs drapés accentuent le mouvement que leur imprime l’horloge. Exagération des formes et torsion des corps font songer presque irrésistiblement au maniérisme.
Le dernier point fort – il y en a beaucoup – est la salle des administrateurs, magnifiquement restaurée et dont la vue a de quoi couper le souffle (ill. ci-dessous). Les boiseries à décor architectonique, brillantes et fraîches comme un sou neuf, relèvent de la marquèterie, mettent en valeur formes, reliefs et niches cependant que les caissons, disons-le ainsi, en jettent plein la vue. On reste béat devant cet ensemble exceptionnel, salle d’apparat Renaissance unique en son genre en Alsace. On saisit mieux la prospérité d’une ville qui a su attirer lettrés et artistes au bagage culturel et artistique certain. Strasbourg, mère des arts, des armes et des lois ?
Francis Klakocer