La Fondation de l’Œuvre Notre-Dame et la Société des Amis de la cathédrale ont donné le mercredi 15 mai la dernière conférence de leur saison. Elles se sont intéressées à un sujet d’actualité : la coupole de la croisée de la cathédrale de Strasbourg en restauration. Regards archéologiques sur sa construction. Elles se sont adressées à deux spécialistes de la question : Heike Hansen et Andreas Hartmann-Viernich qui ont exposé avec passion, dans une conférence plus longue que d’habitude, les résultats de leurs recherches.
Reconnaissons que le titre avait de quoi flatter la curiosité puisqu’il annonçait une mise au point qui confrontait le passé à l’actualité. Ce qu’ont bien compris les auditeurs venus nombreux, récompensés par le dynamisme verbal des deux conférenciers qui alliaient expertise et sens pédagogique. Les nombreuses diapositives, souvent inédites, étaient commentées de main de maître et faisaient passer la technicité savante de maints de leurs propos. D’autant que relevés manuels, scans, images en lumière rasante et photogrammétrie avaient été habilement sollicités. Le tout à a permis de révéler une infinité de détails concernant le processus de la construction, la répartition du travail et des compétences.
Érigée de 1180 à 1190, la coupole est à huit pans, mesure presque 15m de diamètre à sa base pour une hauteur de 31m à 40m au-dessus du sol actuel de la croisée. Ce qui en fait l’une des plus grandes de toutes les cathédrales gothiques. De même, l’épaisseur de la voûte est de 60 cm, alors qu’à Paris elle n’est que de 25 cm. Le grand anneau sommital, si petit vu d’en bas, mesure en fait 2 mètres. Faite de pierre de taille en grès polychrome, elle est en même temps dotée d’un appareil de brique, et, originalité pour l’époque, les pierres sont souvent chaînées par de agrafes de fer. Quant à la clé de voûte, elle est un chef-d’œuvre de précision avec une épaisseur de 38 cm et un anneau parfaitement circulaire. Y ont même été retrouvées des traces de polychromies, surtout du rouge et du beige, avec un décor de faux joints.
Une tour de Babel, ou peu s’en faut ont dit les conférenciers. Qui ont aussi attiré l’attention sur l’aspect humain de la construction. Plus exactement sur la fragilité de l’échafaudage médiéval qui ne compte plus les accidents, les chutes souvent mortelles. En regard de quoi l’échafaudage suspendu actuel est une merveille de sûreté pour ceux qui y travaillent parfois péniblement, mais toujours avec passion.
Francis Klakocer
Ill. : Fondation de l’Œuvre Notre-Dame