C’est mon premier voyage avec la SACS et je découvre avec plaisir que nous sommes trente-trois Français et huit Allemands : le bilinguisme est donc de mise et nous profitons tous de la langue de l’autre.
Notre première visite a été l’exposition « Welterbe des Mittelalters 1300 Jahre Klosterinsel Reichenau », au musée d’archéologie de Constance, consacrée aux 1300 ans de l’Ile de Reichenau. Les prêts les plus précieux ainsi que deux titres de patrimoine mondial de l’UNESCO font de la Grande Exposition nationale l’une des expositions temporaires les plus spectaculaires d’Europe. Le monastère royal de Reichenau était l’un des centres culturels et politiques les plus innovants de l’Empire et possédait une école de peinture très influente aux Xe et XIe siècles. Bien avant l’invention de l’imprimerie, le monastère était considéré comme l’un des plus grands réservoirs de connaissances et d’impulsions en Europe. C’est pourquoi dès l’an 2000, « l’île monastique de Reichenau » a été inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. L’atelier d’écriture du monastère comptait parmi les producteurs de livres les plus exigeants du début du Moyen Âge. Témoignage exceptionnel de l’enluminure ottonienne, le scriptorium de la Reichenau a produit quelques-uns des plus précieux manuscrits de luxe au monde.
Puis nous sommes allés découvrir la cathédrale Notre-Dame de Constance, avec un guide pour chaque langue : nous avons eu la chance de découvrir tous les recoins de la cathédrale, dont les sacristies et le trésor qui ne sont pas ouverts au public habituellement. La cathédrale, ancien siège de l’évêque de Constance, accueillit les débats du concile de Constance (1414-1418). Depuis la disparition de cet évêché en 1821, la cathédrale est utilisée comme église paroissiale. Nous y avons admiré, entre autres trésors artistiques, son Schnegg (une tour avec escalier hexagonal en grès), sa rotonde, son cloître, sa chaire et sa statue de la Madone (vers 1260).
La 2nde journée de l’excursion a été consacrée à l’île de la Reichenau avec les visites guidées des trois églises : Saint-Georges, Saints-Pierre-et-Paul ainsi que Sainte-Marie-et-saint-Marc, les seules qui restent sur la vingtaine d’églises que l’on trouvait autrefois sur l’île de Reichenau. L’église Saint-Georges est une église carolingienne et ottonienne tardive. La basilique, construite à la fin du IXe siècle, par l’abbé Heino III, abrite la tête de saint Georges dans sa crypte souterraine. Les peintures murales de la nef centrale, rares trésors de la période ottonienne, datent de la fin du Xe siècle et font la particularité de cette église. Les huit grands tableaux représentent les miracles du Christ. L’église Saints-Pierre-et-Paul possède de tout aussi belles peintures murales dans son abside, datées des années 1104-1105. La fondation de la première église vouée à saint Pierre est due à l’ancien évêque alaman Egino de Vérone en 799 qui y meurt en 802. Après deux incendies, l’église est reconstruite sans transept vers 1080 et de nouvelles fresques la décorent. Les derniers travaux de toiture datent de 1134. L’intérieur est réaménagé en style rococo 1750 et 1760. L’église Sainte-Marie-et-Saint-Marc est la plus ancienne des trois. C’est l’ancienne église du monastère bénédictin fondé en 724 qui a été le prieuré de l’évêque de Constance à partir de 1540. Avec Saint-Gall et Fulda, c’est l’un des plus importants monastères de la période carolingienne. La structure romane de la basilique cruciforme à trois nefs, consacrée en 1048, est bien conservée. Le treillis du chœur gothique, rajouté plus tard, date du XVIIIe siècle. Dans le chœur, sous une dalle, se trouve le tombeau de l’empereur Charles III le Gros.
Les Amis de la Cathédrale de Strasbourg et les membres du Historischer Verein Kehl sont rentrés heureux de toutes ces riches et belles découvertes.
Amande Pichegru