Le feu

La visite des ateliers de l’O.N.D. à la Meinau a donné lieu à une présentation de son travail par le forgeron. C’est l’occasion de s’interroger sur l’emprise qu’exerce le feu à plusieurs niveaux.

Petite focale…

Curieux comme le feu peut fasciner au point que tout le groupe est resté figé et l’a regardé qui se déportait à droite, s’étirait à gauche, brillait de jaune, de rouge, d’orange…

Pourquoi ? Symbole de chaleur ? Pas seulement, ou alors aussi de chaleur humaine remontant à l’ère préhistorique où nos ancêtres le contemplaient assis autour de lui pour se protéger des ténèbres inquiétantes. Feu créateur du foyer, alors. Symbole de vie, oui, mais aussi de mort puisque dévastateur, destructeur et vorace de tout ce qui se dresse sur son chemin. Symbole de la passion amoureuse qui brûle intensément en nous, se nourrit de ce qu’il consume avant de mourir à petit feu. Et symbole de haine qu’attisent les brandons de la discorde, car bûcher où se consumaient les corps vifs des sorcières et des hérétiques, pour purifier le monde, disait-on.

Symbole aussi, lors de cette présentation, de l’homme qui forge ses outils et par là s’élève au-dessus de sa condition primitive, devenant un nouveau Vulcain qui crée les arts du feu. Symbole, dès lors, de l’intelligence humaine dans le feu de l’action, qu’habite la flamme qui pousse à toujours savoir plus, à l’image de Prométhée voleur de feu.

Mais surtout : symbole des rapports entre l’homme et le divin. A l’image du déluge de feu qui ravage Sodome et Gomorrhe. Le feu sacré qu’entretiennent les vestales à Rome pour que la ville perdure. Image de Moïse et du buisson ardent, des langues de feu descendant sur les apôtres le jour de la Pentecôte. Avant le jour où surviendront celles de l’Apocalypse, livre où le mot feu revient vingt-cinq fois. Et ce seront les flammes de l’enfer…

Et pourquoi pas symbole du lien tout feu tout flamme qui lie les membres de notre Société à leur cathédrale ?

Flamme, donc, qui suscite la rêverie, qui avive ou engourdit, qui crée ou détruit.

Alors, feu qui nous ravit parce qu’à notre image ?

Francis Klakocer
Ill. : Jean-Marc Simon

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