35 membres de la Société des Amis de la Cathédrale de Strasbourg ont participé, le samedi 25 mai 2024, à une journée de découverte des trois principaux pôles du Haut-Mundat, c’est-à-dire l’ancienne enclave temporelle des évêques de Strasbourg dans le diocèse de Bâle, en Haute-Alsace, avant la Révolution française ; à savoir les villes de Rouffach, Soultz et Eguisheim.
Rouffach est une ville moyenne viticole de Haute-Alsace, avec une population de 4500 habitants à peu près constante depuis le XVIIIe siècle, que l’on connaît pour son histoire d’ancienne capitale du Haut-Mundat, ses monuments en lien avec toutes les institutions féodales qui y étaient possessionnées (évêque de Strasbourg, grand-chapitre, bailli de l’évêque, abbayes d’Eschau et de Pairis, institutions municipales, corporations, couvent des Franciscains puis Récollets, commanderie de l’Ordre teutonique, prieuré bénédictin de Saint-Valentin…), son âge d’or du XVe au XVIIe siècle, dont on hérite un tissu bâti de style Renaissance exceptionnel (façades en grès jaune, pignons à volutes rampants, nombreux oriels…), l’hôpital psychiatrique départemental inauguré en 1909 qui est un exemple unique d’architecture hospitalière du début du XXe siècle, ses grandes figures (les facteurs d’orgues Callinet, le maréchal Lefebvre…), les vestiges d’une des plus anciennes synagogues d’Europe (fin du XIIIe siècle)… Ancien vicus gallo-romain attesté par des fouilles, puis résidence royale mérovingienne (l’origine du château d’Isenbourg), Rouffach s’est ensuite développée depuis les abords de sa grande église paroissiale Notre-Dame, jusqu’au pied du château, au gré des agrandissement successifs de l’enceinte urbaine du XIIe siècle au XIVe siècle.
L’église Notre-Dame de Rouffach conserve les vestiges d’un premier grand édifice roman (transept et absidioles) dont la reconstruction dans le style gothique (voûte du transept, nef, massif occidental à deux tours et chœur) s’est étalée de la fin du XIIe siècle au début du XIVe siècle, en parallèle du chantier de la cathédrale de Strasbourg, dont on mesure l’influence, notamment au niveau de la façade (rose axiale) ; comme à Strasbourg, on constate aussi l’influence des grands chantiers d’Ile-de-France, en cette période où l’opus francigenum est introduit en Alsace (première moitié et milieu du XIIIe siècle), notamment celui de Paris, avec les piles cylindriques et les chapiteaux de la nef.
Bertrand Fleck
Photo : Roland Moeglin