Le conservateur des Monuments Historiques, Louis Napoléon Panel, a mis à l’honneur le buffet de l‘horloge astronomique lors de la conférence mensuelle organisée par la Société des Amis de la Cathédrale et la Fondation de l’Œuvre Notre-Dame.
Nichée dans le bras Sud du transept de la cathédrale, l’horloge témoigne d’une prouesse technologique mais aussi d’un symbolisme religieux fort trouvant son pendant dans le Jugement Dernier annoncé par le pilier des anges. L’horloge actuelle date du XIXe siècle, mais s’inscrit dans la succession de deux horloges précédentes illustrant un programme complet comprenant les cadrans qui se trouvent à l’extérieur de la cathédrale. La première horloge date de 1354 et n’a laissé aucune trace hormis le fameux automate du coq conservé au Musée des Arts Décoratifs de Strasbourg. Les horloges médiévales des cathédrales de Bourges ou de Lund permettent néanmoins de se faire une idée de son apparence. La seconde horloge a été réalisée à partir de 1547, en deux phases interrompues par la période de l’Interim entre 1548 et 1558. Cet intermède historique a laissé son empreinte dans son aspect formel en créant une relative disharmonie stylistique. Mais aussi, les traces de l’histoire se reflètent à travers l’iconographie qui retranscrit la pensée du XVIe siècle inspirée par les doctrines luthériennes et l’esprit humaniste. Le mécanisme imposant de l’époque a nécessité dès lors une œuvre colossale, incluant la tour des poids surmontée du coq qui culmine à 15 mètres, la tour de l’horloge coiffée d’un pinacle figurant l’architecte Uhlberger et la tour d’escalier en vis. C’est pour l’essentiel ce buffet qui est aujourd’hui conservé à la cathédrale. Entre 1838 et 1842, Jean-Baptiste Schwilgué remplace entièrement le mécanisme de l’horloge précédente qui s’était arrêtée à la veille de la Révolution. Il hérite du buffet Renaissance apportant cependant quelques modifications dont le remplacement des cadrans et le renouvellement des automates.
Ce chef-d’œuvre a su traverser les vicissitudes de l’histoire ; le mécanisme a été mis à l’abri lors de la deuxième guerre mondiale, et son remontage en novembre 1945 a donné lieu à une restauration et une remise en peinture du buffet. Par la suite, d’autres campagnes de restauration ont été menées, tel le portrait de Copernic en 1973 lors d’un prêt en Pologne ou bien encore le globe céleste en 2001, avec le mécénat de la Société des Amis de la Cathédrale.
Plus récemment, les Strasbourgeois ont pu remarquer l’échafaudage qui corsète l’horloge astronomique pour permettre la dépose des vitraux. Toutes les précautions ont été prises pour protéger l’horloge lors de cette opération tout en maintenant une certaine visibilité pour les visiteurs. En parallèle de cet évènement, une intervention sur le buffet a été projetée par la DRAC. Cette campagne de conservation patronnée par un comité scientifique sera l’occasion de réviser les assemblages, mais aussi, consolider les parties fragiles, fixer ou restituer les parties manquantes et mettre aux normes de sécurité les installations électriques attenantes. Par ailleurs, un dépoussiérage et un traitement contre la contamination fongique et xylophagique (vers à bois) devrait permettre de stopper les infestations observées lors d’un constat d’état mené en 2017. Cette vaste opération sera complétée par des travaux d’étude afin de mener un examen plus approfondi sur le buffet. Ce programme comprendra un diagnostic en archéologie du bâti couplé d’une campagne photographique ainsi qu’une étude stratigraphique et éventuellement dendrochronologique qui devrait apporter une meilleure connaissance du buffet.
Sandrine Oubrier