Ilona Dudziňski, Nouvelles données scientifiques sur le bras sud du transept

Fierté des Strasbourgeois, le portail méridional est sans aucun doute l’un des plus beaux exemples du gothique primitif dans l’espace germanique. Mme Ilona Dudziňski a rendu compte à son propos en juin dernier du résultat de ses recherches en archéologie du bâti.

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L’examen de la chronologie des étapes de construction de la partie inférieure de la façade sud du transept a permis de mieux comprendre la mise en place des deux tympans avec leurs linteaux dans une architecture déjà existante.

En premier lieu, la chercheuse a comparé le double portail de la façade méridionale avec celui de la façade nord qui avait servi de modèle. Cette confrontation a montré une disposition identique à l’exception de deux éléments. Un ressaut a été ajouté au sud ainsi qu’un linteau qui est venu se substituer aux chapiteaux des piédroits qui reçoivent le tympan du portail nord.

Avant de poser les derniers voussoirs de l’arc couvrant la baie gauche du portail sud et d’insérer le tympan, le plan initial a été modifié sur trois points essentiels : la taille des tympans et des linteaux a été sensiblement augmentée, l’ajout de consoles sur lesquels les linteaux viennent reposer ce qui a renforcé l’intérêt porté sur le décor sculpté et enfin l’angle du contrefort a été déplacé.

L’architecture a ensuite été modifiée afin de permettre l’insertion des tympans et des linteaux dont la taille bien plus imposante que la structure existante nécessitait des ajustements. Les traces d’outils et les irrégularités au niveau du tailloir montrent que ces changements ont été réalisés in situ. Dans un souci de libérer de l’espace, les artisans ont retravaillé le rouleau intérieur de la voussure ainsi que les piédroits et le tailloir du premier chapiteau. Cela ne suffisant pas, le linteau a dû être tranché en deux ce qui a permis d’insérer les deux éléments successivement. Les retouches effectuées sur le premier portail a permis à l’équipe de s’adapter avant de finaliser la deuxième baie. Les modifications ont été opérées à ce moment en atelier pour éviter la découpe du linteau comme cela avait été le cas.

Avec cette analyse, Mme Dudziňski a pu retracer l’évolution du chantier. S’en dégage la conviction que, contrairement aux idées véhiculées dans la recherche depuis de nombreuses années, le passage à un autre style ne serait pas le résultat d’un changement radical d’une équipe, ni d’une lutte stylistique mais, au contraire, d’une évolution permanente résultant d’une coexistence entre deux styles.

Comme l’a relevé M. Marc Carel Schurr lors de la discussion qui a suivi, bien loin des préoccupations nationalistes qui sont venues assombrir l’histoire de l’art, cette étude postule pour l’intégration et l’inspiration mutuelle des courants artistiques.

D’autres détails relevés avec soin par l’Archéologue devraient venir compléter cet examen et apporter un nouveau regard sur cette partie de l’histoire de l’art. Au vu de l’importance de ce projet, nous ne pouvons que nous réjouir de la publication future des travaux que Mme Ilona Dudziňski a réalisés sur la cathédrale.

Sandrine Oubrier
Ill. : Fondation de l’Œuvre Notre-Dame

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