L’armoise

Côté Cathédrale

Le manichéisme du Moyen Age oppose bien et mal, bénéfique et maléfique. Ainsi les plantes des saints (benoite, valériane, plantain, fougère, trèfle, lierre…) aux pouvoirs guérisseurs sont représentées aux coté des herbes des sorcières et des magiciens (aconit ou herbe de Médée, belladone, colchique, hellébore, pavot, ciguë…).
Armoise-colonne
Considérée comme la « mère-des-herbes et l’herbe-des-mères », c’est tout naturellement que l’armoise aux vertus médicinales se trouve dans l’iconographie des cathédrales.

A Strasbourg, même si l’identification de l’armoise sur les frises du portail central laisse des doutes en raison d’absence de fleurs ou de fruits et de l’état de conservation des motifs, elle est néanmoins possible par la forme caractéristique des feuilles et de leurs mouvements.

A l’intérieure de la Cathédrale on peut également l’identifier sur les chapiteaux des colonnes et sur les décorations le long des bas-côtés, en alternance avec d’autres motifs végétaux comme les feuilles d’absinthe, espèce du même genre, d’acanthe ou de chêne.

Côté végétal

armoise-botaL’armoise est une plante vivace originaire d’Afrique du Nord, d’Europe et d’Asie tempérée que l’on rencontre souvent aux abords des habitations, des cultures ou des décombres. Ses feuilles, nettement découpées, sont vert-foncé sur le dessus et recouvertes d’un feutrage grisâtre sur le revers. Ses fleurs tubuleuses sont rassemblées au sein de petits capitules sphériques.  « Artemisa » vient d’Artémis, nom de la déesse grecque de l\’enfantement, de la fertilité et de la santé féminine, qui rappelle les usages médicinaux des armoises en gynécologie. Moins active que l’absinthe (Artemisia absinthium), l’armoise a des propriétés emménagogues (elle régularise les menstruations). C’est aussi l’une des fleurs de Saint-Jean, longtemps employée en médecine populaire pour soigner l’épilepsie. On attribuait de grandes vertus antispasmodiques à ses racines noires prises pour des charbons ; on les récoltait la veille de la Saint-Jean, période où la plante était censée concentrer toutes ses propriétés.

Merci à Frédéric Tournay, botaniste de talent.
Dessin : Jaime Olivares.
Photo : Shirin Khalili.

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