Le plus beau timbre de la cathédrale de Strasbourg

En 1985, l’administration des P.T.T. émet un timbre-poste dédié à la cathédrale de Strasbourg, représentant plus précisément un médaillon en amande sur le jugement du roi Salomon, partie d’un vitrail du transept nord (verrière de droite, 3ème médaillon à partir du haut), œuvre du XIIe siècle finissant. La scène évoque un épisode de la vie du roi des Hébreux : sur son ordre, un soldat s’apprête à pourfendre d’un coup de glaive un nouveau-né que se disputent deux femmes, l’une – la vraie mère – suppliant le souverain à surseoir à son verdict, l’autre en attendant l’exécution.

Le timbre gravé par J. Larrivière.

Le projet de création du timbre, dont le motif avait été retenu par Jean-Richard Haeusser, Architecte en Chef de l’0euvre Notre-Dame, avait recueilli le soutien de la Ville de Strasbourg et de son Maire Marcel Rudloff, de personnalités telles que le Professeur Claude Aron, Charles Dirheimer, Président Honoraire de la Société philatélique « Union 1877 Strasbourg », le Dr. Jean Jacques Francfort et même l’appui du journaliste de radio et télévision Yves Mourousi. Sur le plan artistique, on admire la qualité du dessin souligné par l’armature des plombs et l’incomparable équilibre entre le rouge du manteau du roi et la belle lumière verte nimbant le fond du décor.

La gravure en taille douce 6 couleurs de la vignette à valeur faciale de 5 F de l’époque, fut confiée à Jacky Larrivière, graveur collaborant depuis de nombreuses années avec l’Imprimerie des timbres poste et des valeurs fiduciaires (ITVF). 6 000 000 de timbres furent tirés, certaines émissions non dentelées ou à la couleur de fond jaune au lieu de vert, furent appréciées des philatélistes et collectionneurs. Le timbre fut primé à la Conférence des Imprimeurs d’Art à Washington, catégorie « taille douce ».

Dès connaissance du projet, le monde philatélique s’est mobilisé. L’enjeu était important, d’autant que les objets philatéliques accompagnant l’émission du timbre seraient illustrés de dessins originaux de Jean-Richard Haeusser : le bénéfice de leur vente revenaient à la Fondation de l’Œuvre Notre-Dame pour contribuer au financement de la restauration de la tour de croisée de Gustave Klotz. Au sein de la Société Philatélique «  Union 1877 Strasbourg » se créa un Comité d’organisation qui lança un appel à tous les amis de la cathédrale.

Lors de l’inauguration officielle suivie d’un «  premier jour » le samedi 13 avril 1985, philatélistes, amis et sympathisants de la cathédrale se précipitèrent au bureau de poste temporaire installé à l’Œuvre Notre-Dame à Strasbourg et dans les stands de vente de souvenirs.

Carte postale premier jour avec signature du graveur J. Larrivière et dessin de J.-R. Haeusser.

Lors de cette journée J.-R. Haeusser exprima le souhait de voir enfin la reconstruction de la tour créée par son prédécesseur Klotz et que les fonds nécessaires à cette réalisation soient débloqués par les services des Monuments Historiques. Le représentant du Maire de Strasbourg, M. Schmalz, fit part de son côté de l’engagement de la municipalité à contribuer au financement de l’opération.

Cet évènement philatélique, succès entier, relaté dans les colonnes du quotidien des D.N.A., eut à nouveau la primeur d’une rubrique « Philatélie » dans un article du 10 Novembre 1987 titré : «Le plus beau timbre-poste gravé du monde est français ».

Ainsi la philatélie peut-elle se flatter « d’avoir apporté son concours à l’œuvre de sauvegarde de l’une des plus belles cathédrales du monde ».

Edgard NULLANS, Collectionneur-Thématiste

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