Sortie de printemps : églises médiévales de Forêt Noire

A en croire le proverbe allemand : « Wenn Engel reisen, lacht der Himmel. » Et de fait c’est avec un soleil franc et généreux, sous un ciel d’azur et dans un écrin de verdure que s’est déroulée notre sortie du 1er juin. On ne pouvait rêver mieux.

Alpirsbach
Un de nos lointains prédécesseurs dans la visite d’Alpirsbach

Un passage à travers le Kinzigtal au charme indéniable nous a menés à Alpirsbach où nous attendait la guide allemande qui nous a accompagnés pendant une grande partie de la visite, notre président traduisant et complétant ses propos. L’abbaye connut les vicissitudes habituelles à ce genre d’édifices, notamment les courants réformateurs qui tentaient de réagir au relâchement de la vie monacale.

Si l’orgue de facture moderne en a étonné plus d’un, la visite du dortoir où les moines passaient leurs nuits en commun avant de disposer, les mentalités évoluant, de cellules personnelles, s’est révélée riche en informations. Graffitis, dessins et inscriptions qui en parent les murs sont au demeurant l’œuvre des étudiants qui y ont logé plus tard, laissant ainsi une trace de leur passage. Intéressant aussi, le calefactorium, seule salle chauffée en ces temps où l’on ne ménageait guère son corps. Le cloître, enserré au milieu des bâtiments, a offert l’heureuse surprise de ses sculptures fines et jamais les mêmes dans un puits de lumière où tout invite à la paix et à la sérénité. L’église elle-même, surprenante par ses dimensions, offrait la beauté du dépouillement, la plupart des chapiteaux des piliers n’étant même pas décorés de sculptures, par souci d’humilité. Et notre président de nous apprendre que ces chapiteaux sont plus difficiles à réaliser, car ils exigent une régularité parfaite alors que dans les chapiteaux sculptés il est plus aisé de dissimuler une imperfection.

Le repas fut le bienvenu, temps de restauration, de retrouvailles et d’échanges fournis, avant de gagner Klosterreichenbach, ancien monastère bénédictin dont ne subsiste plus que l’église où ont été développés par M. Schurr les rapprochements avec l’abbaye mère de Hirsau. Outre l’abside, y ont été remarqués les fonts baptismaux, cuve dodécagonale en grès rose qui date de l’époque où fut construite l’église, fin XIe siècle.

Lautenbach
Les voûtes de l’église de Lautenbach

Sous un soleil toujours aussi radieux nous avons atteint Lautenbach après une petite heure de route. Un changement radical nous y attendait. A la sobriété et au dépouillement des bâtiments précédents s’opposait la richesse ornementale dans un foisonnement vertigineux. Une heure d’explications tant religieuses qu’historiques et artistiques nous a mis au fait de tout ce qui concerne cette église de pèlerinage, un des lieux culturels les plus importants de l’Allemagne du sud. Si bien qu’on ne sait ce qu’il faut admirer, de son jubé, de ses vitraux armoriés, de sa voûte réticulée adornée de fins motifs floraux ou de sa chapelle en gothique tardif, véritable joyau aux fines ciselures. Il n’est jusqu’au tabernacle enchâssé dans une sculpture déconcertante qui a attiré immanquablement les regards.

On l’aura compris : ce fut une de ces journées de grâce comme on en aimerait d’autres, tant par la beauté des sites visités que par la qualité des explications proposées par M. Schurr. Elles ont rencontré un écho très favorable dans un public qu’il conviendrait de qualifier d’alémanique, puisque pour la première fois nous comptions parmi nous quelques membres d\’outre-Rhin.

Francis Klakocer

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