Une soirée mémorable. C’est en ces termes que M. Schurr, président des Amis de la cathédrale a qualifié la conférence organisée le mercredi 13 novembre conjointement avec la Fondation de l’Œuvre Notre-Dame. Mémorable, elle le fut à plus d’un titre.
D’abord par sa durée inhabituelle puisqu’elle a requis l’attention du public pendant deux heures. Il faut saluer pareille prestation qui a exigé présence physique et intellectuelle de M. Georges Schlosser, gestionnaire du Münsterhof, demeure dont il a retracé ce soir-là l’histoire jusqu’en 1789, avec un enthousiasme communicatif.
Puis, par le genre retenu. Plutôt que d’opter pour une conférence traditionnelle, M. Schlosser a choisi la causerie. Plus intime et moins jargonnante, elle lui a permis d’être de plain-pied avec un auditoire qui pouvait même l’interroger pendant son propos. D’ailleurs, il avait réparti sur l’estrade nombre de chevalets entre lesquels il circulait pour insister sur des dates, détailler le plan de l’immeuble, n’hésitant pas même à dessiner devant son public. Feuilles à la main, il a lu des extraits d’archives en allemand comme en français cependant qu’un organigramme présentait la structuration hiérarchique de la corporation des maçons, hôtes de ces lieux pendant 250 ans.
Mémorable aussi par sa connaissance exhaustive de l’histoire de cette belle maison dont il a présenté les origines, les aménagements et les occupants (tels les Meistersänger qui y logèrent de 1540 à 1550). Mêlant la grande histoire à la petite, il n’a pas reculé devant les anecdotes savoureuses, voire croustillantes. A l’image de ces échevins, cumulards forcenés et épouseurs à toutes mains… de veuves toujours fortunées ! Adaptant sa gestuelle à son propos, il jouait sur tous les registres, tantôt feignant l’indignation, tantôt pontifiant, voire simulant la pudeur offusquée. Pour le plus grand plaisir de son public.
Mémorable enfin par la structuration inhabituelle de sa prestation. Tout en se permettant des digressions inattendues et des infidélités à la date limite qu’il s’était fixée, tout en brassant allègrement les époques et les mœurs dans une chronologie disruptive parfois déconcertante, il a articulé sa causerie en trois temps pour la parachever sur les liens qu’entretenait la tribu des maçons avec leurs confrères de l’Œuvre Notre-Dame. Qui sait encore que ces derniers occupaient alors le haut du pavé, au point que tout apprenti de la corporation des maçons devait au préalable être inscrit à cette même Fondation ?
Cette multitude de détails, ce savoir foisonnant, cette énergie inépuisable et cet art de comédien à l’aise sur les tréteaux, tout cela explique le franc succès d’une prestation simplement… mémorable.
Ill. : www.cathedrale-strasbourg.fr